Grégoire Webber, Droits et droit
Grégoire Webber, Droits et droit (Thémis 2020), 84 pages
La réflexion philosophique sur les droits et le droit progresse et régresse. C’est un signe de régression que la jurisprudence et la doctrine en matière de droits de la personne (a) tiennent pour acquis que les droits et le droit s’opposent généralement, (b) conçoivent les droits de manière à omettre les relations entre les personnes nécessaires pour que les droits de tout un chacun soient respectés et (c) dépouillent les droits de leur priorité et de leur force probante en les reléguant, sauf exception, à un statut annulable, comme l’illustrent les atteintes justifiées aux droits, maintenant monnaie courante. Rien de tout cela n’est comme il se doit.
Cette conférence s’inscrit dans un effort de développement d’une compréhension des droits comme l’expression d’une relation juste entre des personnes. Il débute par une exploration de la manière dont la jurisprudence en matière de droits de la personne développée par nos tribunaux s’est placée à une certaine distance de l’interdéfinissabilité des droits et de la justice, interdéfinissabilité qui nie qu’un droit puisse s’opposer à la justice. Les fondements intellectuels de l’approche adoptée par nos tribunaux révèlent une absence de souci pour les relations entre les personnes qui sont nécessaires pour concrétiser les droits de chacun des membres de la communauté. Se soucier de ces relations et des raisons d’agir qu’établissent les droits et le droit permet de structurer une compréhension solide des droits comme étant des relations tripartites entre deux personnes et une action. Sur cette base, la justification d’une revendication de droit envers ou contre une autre personne convie à évaluer si la revendication est dans son droit (est juste, est conforme à la justice).
Ce contenu a été mis à jour le 20 août 2023 à 23 h 46 min.